la bataille d’Alger. 1957
La « bataille d’Alger » peut être considérée comme la lutte menée par les régiments parachutistes contre le réseau bombes de l’A.L.N dirigé par Yacef Saadi. Le point de départ est fixé par l’ordonnance du 07 janvier 1957 déléguant les pouvoirs de police au général Massu, comandant la dixième division parachutiste. La fin est marquée conventionnellement par la mort d’Ali la pointe, adjoint de Yacef Saadi (08 octobre 1957). Sur le plan « militaire », c’est une affaire qui a été surestimée. Il n’en est pas de même politiquement. La concentration des troupes, la présence du pouvoir politique a l’échelon ministériel (Robert Lacoste du ministre résidant du gouvernement Guy Mollet, puis des suivants, du 9 février 1956 au 13 mai 1958), celle de la presse internationale font qu’Alger est de très loin l’épisode le mieux connu et plus analysé de la guerre d’Algérie. L’enjeu était le pouvoir. C’est a Alger que se nouent les liens entre tortionnaires, parfois fictivement menacés par la justice, et comploteurs civils et militaires.
Les affaires qui « éclatent » en France, en 1957, a l’occasion de la bataille d’Alger, sont elles aussi symboliques, mais la relation de la partie au tout est loin d’être toujours perçue : disparition de Maurice Audin, assistant a la faculté des science d’Alger (21 juin 1957), récit d’Henri Alleg, ancien directeur d’Alger républicain dans La question. Ce sont la des noms d’Européens. Le seul nom d’une victime musulmane à atteindre la notoriété est celui d’une jeune fille, Djamila Bouhired, condamnée a mort le 15 juillet 1957. Il s’agissait bien de cas individuels… L’ampleur de la de la répression n’apparaîtra que beaucoup plus tard, quand le changement de régime aura libéré les langues et le rapport entre le destin de l’Algérie et celui de la France aura été plus clairement perçu.
Les textes reproduits ici sont peu nombreux. La note de service du général Massu est intéressante par sa référence à l’Indochine (fait constant), par la discrétion de son langage (ces méthodes…). Son auteur a été depuis plus bavard. Le témoignage de Pierre Leulliette est un peu celui d’un « voyeur », mais il a le mérite de donner la description de militaires « moyens », dépourvus de la tête qui a rendu Massu célèbre, ou de la «gouaille » du colonel Bigeard, plus renommé pour son langage direct (en très petit comité) que pour les « crevettes Bigeard », nom que l’on donnait a l’époque aux cadavres dans le port d’Alger
En ce qui concerne l’organisation de la répression par l’armée, le fait majeur a été d’abord la tentative de remplacer le désordre sanglant du bled par un minimum d’ordre bureaucratique. La torture est confiée – en principe – à des spécialistes, et les exécutions sommaires relèvent d’une équipe de tueurs dirigée par le commandant Aussaresses.
Cela n’empêche du reste pas les assassinats isolés ou groupés, comme le meurtre, le 17 mai 1957, dans le quartier du Ruisseau, à la suite d4un attentat commis sur deux militaires, de 26 algériens. L’autre grand fait, lité au premier, est la multiplication des disparitions. On ne commence à réaliser l’importance du phénomène qu’en 1959, lorsque M. Jacques Vergés aura noté une première liste de « disparus » sur un Cahier vert et rassemblé les documents remis par les familles, elles-mêmes mobilisées par le F.L.N. Le Cahier vert expliqué est une tentative celui de l’explication d’ensemble. Ce texte reste pourtant, comme le montre la phrase finale, fidèle au symbolisme de «l’affaire Audin », elle-même modelée sur ce qui fut, de 1894 a 1906, « l’affaire Dreyfus ». Les deux ans qui séparent la bataille d’Alger de la publication dans Les Temps modernes du Cahier vert, puis des Disparus peuvent paraître rétrospectivement courts. A l’échelle de la guerre d’Algérie, ils ont été longs et chargés d’événements. Les Disparus rassemblent 175 affaires. Paul Teitgen, secrétaire général de la préfecture d’Alger, en a dénombré 3024. Le chiffre réel est certainement beaucoup plus élevé
0 التعليقات:
إرسال تعليق